Guillaume Apollinaire

Les Colchiques

Le pré est vénéneux mais joli en automne Les vaches y paissant Lentement s’empoisonnent Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la Violatres comme leur cerne

L'Adieu

J’ai cueilli ce brin de bruyère L’automne est morte souviens-t’en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps Brin de bruyère Et souviens-toi que je t’attends

Rhénane d'Automne

Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme Ecoutez la chanson lente d’un batelier Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu’il m’en souvienne La joie venait toujours après la peine. Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure Les mains

Les Fenêtres

Du rouge au vert tout le jaune se meurt Quand chantent les aras dans les forêts natales Abatis de pihis Il y a un poème à faire sur l’oiseau qui n’a qu’une aile Nous

Marizibill

Dans la Haute-Rue à Cologne Elle allait et venait le soir Offerte à tous en tout mignonne Puis buvait lasse des trottoirs Très tard dans les brasseries borgnes Elle se mettait sur la paille

Mirabeau Bridge

Under Mirabeau Bridge runs the Seine And our loves Must I remember them Joy came always after pain Let arriving night explain Days fade I remain Arm in arm let us stay face to